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Le chantier était désert. Au milieu des décombres de la maison démolie, au travers des pierres neuves récemment taillées pour la maison à reconstruire, flambait le feu de bivouac allumé par l'invalide, gardien du chantier et des matériaux. La nuit était sombre, les bruits de la grande ville s'éteignaient, et la dernière voiture de bal était rentrée. Car cela se passait, il y a quelques jours à peine, au milieu du Paris moderne, à deux pas du boulevard et de la colonne Vendôme, et sur l'emplacement de cette maison où Tahan étalait ses richesses artistiques et Basset ses écrins de perles fines et de diamants. Avait-on mis Paris à feu et à sang ? Quelque horde barbare venue du Nord avait-elle conquis la reine des cités et semé sur son passage la misère et la désolation ? Cette lueur rougeâtre, qui se projetait sur un amas de décombres, était-elle le feu de nuit des vainqueurs ? C'est l'image de la désolation et son chaos ! Un peu plus loin le calme enfiévré de Paris qui dort après une nuit de plaisir. La horde barbare qui avait fait un monceau de ruines de la rue de la Paix, n'était autre qu'une troupe et de maçons et de Limousins inoffensifs. Paris était conquis par le Limousin, et la rue Turbigo passait. Si le jour eût paru, on eût pu voir une longue brèche partant du boulevard des Capucines et se prolongeant jusqu'à la rue de Choiseul.
Les Mystères de Paris relèvent du feuilleton, comme La Cousine Bette, comme Splendeurs et misères des courtisanes, chefs-d'oeuvre de Balzac, comme tout Dumas et presque tout Sand ; et, comme Hugo dans Les Misérables. Sue donne à son feuilleton une extraordinaire dimension dans le noir. Le mélo est là, assurément. Et colossal, coupant le souffle avec la brutalité en noir et blanc de ses éclairages violents, avec ses héros campés sans ambiguïté dans la noblesse ou dans l'atroce ; avec surtout, puisqu'il s'agit de Paris et de ses mystères, un extraordinaire décor posant la cité moderne comme un personnage épique : ville-foule, ville-château bâtie sur un monde d'entrailles souterraines, caves-caveaux, égouts, couloirs ; ville-cancer qui attire et qui dévore, use, corrompt, ouvrant à la fois toutes les avenues du pouvoir et tous les chemins de la perdition. Le monumental triomphe de ce roman nous confond encore aujourd'hui. Tous les contemporains l'ont lu, dans toutes les classes de la société...
La cosa empezó así. Yo nunca había dicho nada. Nada. Fue Arthur Gánate quien me hizo hablar. Arthur, un compañero, estudiante de medicina como yo. Resulta que nos encontramos en la Place Clichy. Después de comer. Quería hablarme. Lo escuché. «¡No nos quedemos fuera! -me dijo-. ¡Vamos adentro!» Y fui y entré con él. «¡Esta terraza está como para freír huevos! ¡Ven por aquí!», comenzó. Entonces advertimos también que no había nadie en las calles, por el calor; ni un coche, nada. Cuando hace mucho frío, tampoco; no ves a nadie en las calles; pero, si fue él mismo, ahora que recuerdo, quien me dijo, hablando de eso: «La gente de París parece estar siempre ocupada, pero, en realidad, se pasean de la mañana a la noche; la prueba es que, cuando no hace bueno para pasear, demasiado frío o demasiado calor, desaparecen. Están todos dentro, tomando cafés con leche o cañas de cerveza. ¡Ya ves! ¡El siglo de la velocidad!, dicen. Pero, ¿dónde? ¡Todo cambia, que es una barbaridad!, según cuentan. ¿Cómo así? Nada ha cambiado, la verdad. Siguen admirándose y se acabó. Y tampoco eso es nuevo.¡Algunas palabras, no muchas, han cambiado! Dos o tres aquí y allá, insignificantes...» Conque, muy orgullosos de haber señalado verdades tan oportunas, nos quedamos allí sentados, mirando, arrobados, a las damas del café.Después salió a relucir en la conversación el presidente Poincaré, que, justo aquella mañana, iba a inaugurar una exposición canina, y, después, burla burlando, salió también Le Temps, donde lo habíamos leído. «¡Hombre, Le Temps ¡Ése es un señor periódico! -dijo Arthur Gánate para pincharme-. ¡No tiene igual para defender a la raza francesa!»
George Orwell holds a unique place in contemporary English literature. He used facts and his own observation and when there was no actual reporting to be done, invention took over, as in Animal Farm and Nineteen Eighty-Four, and his clear vision, realistic deduction and profound understanding of human behaviour enabled him to reach the inner recesses of the reader's mind and startle him to reflection and self-examination. He said that one of his motives for writing was a 'desire to see things as they are, to find true facts and store them up for the use of posterity... In a peaceful age I might have written ornate or merely descriptive books... When I sit down to write a book, I do not say to myself "I am going to produce a work of art." I write it because there is some lie I want to expose, some fact to which I want to draw attention, and my initial intention is to get a hearing.'
«No creo que la sociedad que he descrito en 1984 necesariamente llegue a ser una realidad, pero sí creo que puede llegar a existir algo parecido», escribía Orwell después de publicar su novela. Corría el año 1948, y la realidad se ha encargado de convertir esa pieza -entonces de ciencia ficción- en un manifiesto de la realidad. En el año 1984 Londres es una ciudad lúgubre en la que la Policía del Pensamiento controla de forma asfixiante la vida de los ciudadanos. Winston Smith es un peón de este engranaje perverso y su cometido es reescribir la historia para adaptarla a lo que el Partido considera la versión oficial de los hechos. Hasta que decide replantearse la verdad del sistema que los gobierna y somete.Los animales de la Granja Solariega, alentados un día por el Viejo Mayor, un cerdo que antes de morir les explicó a todos sus ideas, llevan a cabo una revolución en la que consiguen expulsar al granjero Howard Jones y crear sus propias reglas (los Siete Mandamientos), que escriben en una pared: 1. Todo lo que camina sobre dos pies es un enemigo. 2. Todo lo que camina sobre cuatro patas, nade, o tenga alas, es amigo. 3. Ningún animal usará ropa. 4. Ningún animal dormirá en una cama. 5. Ningún animal beberá alcohol. 6. Ningún animal matará a otro animal. 7. Todos los animales son iguales. Al principio, la granja, (que pasa a llamarse Granja Animal) es más próspera incluso que cuando el señor Jones la administraba. Los cerdos se erigen como líderes por su inteligencia. Dos de ellos, Snowball y Napoleón, los máximos dirigentes, empiezan a tener discrepancias que acaban cuando Napoleón lanza a los perros contra Snowball y este huye de la granja. A partir de ese momento Napoleón se erige como único líder. Los cerdos se constituyen como una élite dentro de la granja, y los demás animales se mantienen bajo la dictadura de Napoleón, amenazados por los perros de este.
Le couteau tomba rapide, foudroyant, entraînant le rayon du soleil, qu'il reflétait. En ce moment tous les forçats baissèrent instinctivement la tête et plusieurs fermèrent les yeux. Seul Cent dix-sept n'abandonna point le terrible couperet du regard. Ce fut un drame qui se passa dans le dixième d'une seconde, un drame comme on n'en a jamais vu briller à la rampe, un drame que le geste serait encore trop long à raconter. Le couteau venait de tomber, et cependant la tête du patient adhérait encore à ses épaules. L'instrument de mort s'était arrêté, dans sa marche, à un demi-pied du cou du condamné. Comment ? Cent dix-sept eût pu le dire . Il y eut un long frémissement parmi les forçats et même parmi les gardes-chiourme. Toute autre foule qu'une foule composée de forçats aurait poussé une immense clameur. Le patient se prit à hurler, secoua ses épaules et chercha à s'arracher de la lunette. Mais le couteau ne tomba pas. Le bourreau s'empara de la corde, remonta le couperet, puis lâcha de nouveau le ressort. Le couperet retomba et s'arrêta au même point. Alors la foule fit entendre un long murmure, qui couvrit les cris du patient. Heureusement le commissaire s'élança vers l'échafaud : - Retirez cet homme ! dit-il, et qu'on le reconduise dans sa prison.
Minuit venait de sonner à toutes les horloges du boulevard des Italiens. C'était en janvier 1853, un samedi, jour de bal à l'Opéra. Il faisait un froid sec, le ciel était pur, la lune brillait de tout son éclat. Le boulevard était peuplé comme en plein soleil, les équipages se croisaient au grand trot, les piétons encombraient les trottoirs, les dominos et les masques de toute espèce circulaient joyeusement à travers la foule. C'était l'heure où l'Opéra, couronné d'une guirlande de feu, ouvrait ses portes, l'heure où l'orchestre aux cent voix de Musard faisait entendre son premier coup d'archet. Assis devant le café Riche, au coin de la rue Le Peletier, deux jeunes gens causaient, chaudement enveloppés dans leur vitchoura doublé de martre zibeline, à deux pas de leur poney-chaise, dont le magnifique trotteur irlandais était maintenu à grand-peine par un groom haut de trois pieds et demi, vêtu d'un pardessus bleu de ciel à large collet de renard, et chaussé de petites bottes plissées à revers blancs. - Mon cher Gontran, disait l'un des jeunes gens, tu as une singulière fantaisie de vouloir m'entraîner au bal de l'Opéra, un véritable mauvais lieu où on ne va plus depuis quinze ans au moins, et où on ne rencontre que des femmes qui ne sont plus du monde, ou qui n'en ont jamais été. - Mon cher Arthur, répondit l'autre, as-tu lu beaucoup de romans ?
Dix heures sonnaient lorsque Rocambole et Roland entrèrent au club. Il y avait peu de monde encore, et à part une petite pièce où une douzaine de jeunes gens faisaient un mistigris et fumaient des cigarettes, les salons étaient à peu près déserts. Le triomphant M. Octave présidait cette réunion intime et gagnait fort lestement une centaine de louis, lorsque le marquis de Chamery et son compagnon arrivèrent. - Parbleu ! s'écria-t-il en les voyant, vous êtes gentils de venir me relever, messieurs ; j'ai eu, ces jours-ci, une déveine, un guignon dont rien ne vous saurait donner une idée. - Mais tu gagnes ce soir, dit un joueur qui perdait et avait la perte mauvaise. - C'est vrai ; mais j'ai perdu hier, et puisque voilà Roland, je profite d'une petite affaire que j'ai avec lui pour l'emmener dans une embrasure de croisée et faire très carrément charlemagne. - Ah ! ah ! Roland ? fit-on à la ronde. - Moi-même, messieurs, répondit M. Clayet, qui salua avec la modestie d'un homme parfaitement heureux. - Nous en avons appris de belles sur ton compte, messire don Juan, dit un joueur. - Sur moi ? dit Roland. - Mais oui... dit Octave... - Octave est un indiscret, murmura le fat, enchanté que son aventure avec la comtesse Artoff courût le monde.
Le jeune comte Artoff était sorti la veille de chez Baccarat en proie à une sorte d'émotion enthousiaste. Il était entré chez elle en don Juan armé de ses millions comme d'un talisman ; il en sortait dominé, impressionné par la tristesse majestueuse de cette femme supérieure, et qui lui paraissait si horriblement calomniée. Baccarat lui était apparue tout à coup comme un être mystérieux que la foule ne devinerait jamais. Était-ce une grande coupable repentie ? Était-ce quelque sombre vengeresse dont le bras s'armait dans l'ombre pour châtier et poursuivre à outrance des criminels et des meurtriers ? C'était ce que le comte ne pouvait deviner ; mais il s'arrêtait forcément à l'une de ces deux hypothèses, et comprenait vaguement que Baccarat avait une haute mission à remplir. Le comte rentra chez lui en proie à mille pensées diverses et confuses. Aimait-il déjà cette femme, chez laquelle il était entré en conquérant ? N'éprouvait-il pour elle qu'une subite et respectueuse amitié, susceptible du plus grand dévouement ? Il lui fut aussi impossible de trancher ces dernières questions que de résoudre les deux premières. Il dormit mal. Baccarat se mêla à tous ses rêves. Il se voyait tantôt errant avec elle dans un désert et se mettant à ses genoux, tantôt elle l'entraînait dans un tourbillon, empruntait les formes les plus singulières, lui tenant les langages les plus divers.
C'était en 1812.La Grande Armée effectuait sa retraite, laissant derrière elle Moscou et le Kremlin en flammes, et la moitié de ses bataillons dans les flots glacés de la Bérésina.Il neigeait...De toutes parts, à l'horizon, la terre était blanche et le ciel gris.Au milieu des plaines immenses et stériles se traînaient les débris de ces fières légions, naguère conduites par le nouveau César à la conquête du monde, que l'Europe coalisée n'avait pu vaincre, et dont triomphait à cette heure le seul ennemi capable de les faire reculer jamais : le froid du nord.Ici, c'était un groupe de cavaliers raidis sur leur selle et luttant avec l'énergie du désespoir contre les étreintes d'un sommeil mortel. Là, quelques fantassins entouraient un cheval mort qu'ils se hâtaient de dépecer, et dont une bande de corbeaux voraces leur disputaient les lambeaux.Plus loin, un homme se couchait avec l'obstination de la folie, et s'endormait avec la certitude de ne se point réveiller.De temps à autre, une détonation lointaine se faisait entendre ; c'était le canon des Russes. Alors les traînards se remettaient en route, dominés par le chaleureux instinct de la conservation.Trois hommes, trois cavaliers, s'étaient groupés à la lisière d'un petit bois, autour d'un amas de broussailles qu'ils avaient à grand-peine dépouillés de leur couche de neige durcie, et auxquelles ils avaient mis le feu.
La lettre, dont Venture venait de briser le cachet après avoir longtemps hésité, était, on s'en souvient, écrite par Baccarat au duc de Sallandrera. La comtesse Artoff y mettait le duc au courant de la mystérieuse origine de M. de Château-Mailly, lui rappelait la démarche qu'elle avait faite l'année précédente, à l'effet d'obtenir pour ce dernier la main de Conception, et terminait en annonçant l'arrivée prochaine de ces deux pièces importantes, qui devaient être pour le duc une preuve incontestable de ses droits à devenir le gendre de M. de Sallandrera. Venture relut cette lettre deux fois de suite. - Ah çà ! se dit-il, nous ne sortirons donc jamais de cette lutte éternelle entre Baccarat et sir Williams ou son héritier Rocambole ? Et, en effet, les noms de M. de Château-Mailly et de la comtesse Artoff étaient pour Venture un indice incontestable que Rocambole se mêlait de nouveau à leur destinée d'une façon quelconque. - Qu'est-ce que tu lis donc là ? demanda la veuve Fipart. - Je lis une lettre de femme, répondit-il, une femme qui m'aime... - Ah ! murmura la chiffonnière, vous êtes donc toujours gâté par le beau sexe, monsieur Jonathas ? - Toujours.
Les rôles avaient été merveilleusement distribués sans doute et répétés avec soin en présence de ce metteur en scène prodigieux qui s'appelait l'homme gris, car il n'y eut personne dans la maison où pénétrait le major Waterley qui ne s'acquittât correctement du sien. Ralph, que le major embrassait toujours, lui disait naïvement : - C'est donc vous qui êtes mon père ? Au seuil du vestibule, le major vit une femme qui fondait en larmes. C'était l'Irlandaise. L'Irlandaise joignit les mains en regardant le major et lui dit : - Ah ! monsieur, ne me séparez pas de ce cher enfant... je lui ai donné mon lait... et je l'aime comme s'il était sorti de mes entrailles. Ne m'en séparez pas... je vous servirai pour rien... - Je vous le promets, dit le major ému. Et il continua son chemin sur les pas du vieux domestique qui lui avait dit que son maître, lord Vilmot, l'attendait avec impatience. Lord Vilmot était dans ce même parloir où, la veille au soir, Shoking et l'homme gris avaient soupé tête à tête. Le major aperçut un vieillard emmitouflé dans une vaste robe de chambre, couché sur une chaise longue et la tête enveloppée de foulards. Auprès de lui se tenait un homme vêtu de noir qui pouvait avoir trente-sept ou trente-huit ans.
La femme qui s'était glissée auprès de l'Irlandaise avait une de ces physionomies qui, pour nous servir d'une expression populaire, font froid dans le dos. Ce n'était pas une mendiante, pourtant. Elle avait une belle robe à ramage, un châle vert et rouge, un chapeau à rubans violets, des souliers cirés à l'œuf, avec des bas tricotés à l'aiguille, un sac de velours au poignet gauche, un parapluie vert à la main droite, et les doigts couverts de bagues ornées de pierres grossières et multicolores. Cet ensemble de mauvais goût anglais n'était que grotesque et prêtait à rire tant qu'on n'envisageait pas attentivement cette créature. Les yeux d'un bleu incolore avaient un froid rayonnement. Les lèvres minces qui recouvraient de longues dents jaunes à moitié déchaussées, avaient une expression de méchanceté doucereuse ; le visage empourpré et bouffi quelque chose de bestial qui rappelait la tête de certains animaux carnassiers. Elle s'approcha de l'Irlandaise, et celle-ci s'écarta sur le banc où elle était assise, moins pour lui faire place que pour se soustraire à son contact. - Ma chère, lui dit cette femme, se servant d'une appellation commune au peuple de Londres, aussi vrai que je m'appelle mistress Fanoche, que je suis presque de qualité et que j'ai quelque droit au titre de dame...
C'était le Notaire et Jean-le-bourreau qui portaient le corps inanimé de Rocambole. La Mort-des-braves et Marmouset suivaient et l'enfant disait, faisant allusion à Jean-le-bourreau : - Je crois bien que le pauvre vieux se trompe : il est bien mort. - Sans compter, disait la Mort-des-braves, qu'il a une jolie boutonnière au beau milieu de la poitrine et qu'il a dû perdre joliment du sang. La chose n'était pas rare de voir arriver des noyés au cabaret de la Camarde. Entre Sèvres et Saint-Cloud surtout, les flotteurs en trouvaient souvent dans les herbes. On les chargeait alors sur le train et on les conduisait au cabaret de l'Arlequin. Là on avertissait le commissaire, et toutes les formalités d'usage étaient remplies, en vue de la prime bien entendu. On déposa donc Rocambole au milieu du cabaret. - Mon pauvre vieux, reprenait le Notaire, je crois qu'il est mort. - Non, ce n'est pas possible, s'écriait Jean-le-bourreau, qui s'arrachait les cheveux. Le corps était crispé ; la face livide, toutes les apparences de la mort existaient. - Je vais vous dire ça, fit la Camarde. Les habitués de l'Arlequin avaient fait un cercle autour de ce corps qui était peut-être bien un cadavre.
Ce criminel à qui était dévolu l'office de bourreau avait un type étrange. C'était un homme de quarante ans, sec, maigre, aux traits anguleux, mais dont la charpente osseuse annonçait la constitution vigoureuse et presque herculéenne. Non point que la force soit nécessaire pour appliquer le knout. Il est des bourreaux qui frappent à tour de bras ; ils sont moins à craindre que d'autres. Donner le knout est une véritable affaire d'adresse. Le knout est un fouet : semblable à celui des postillons qui conduisent à l'allemande. Le manche est très court ; la lanière est très longue et se termine par une mèche de cuir bouilli qui, séché ensuite dans le four, devient dur et tranchant comme la lame d'un rasoir. Cette mèche se ramollit bien vite, et le bourreau la change tous les trois ou quatre coups. Le bourreau habile trace du premier coup une croix sur le dos du patient. Il a la permission de frapper sur les reins, sur le côté droit, sur les épaules, mais non sur le côté gauche. Un coup frappé à la hauteur du cœur pourrait amener la mort. Celui que la femme blonde contemplait en ce moment était donc un homme d'environ quarante ans. À le voir sur le seuil de la prison, immobile, les narines dilatées, aspirant l'air à pleins poumons, promenant comme émerveillé un regard d'envie sur la foule, on devinait bien vite que le supplice lui était indifférent, que ce qui excitait en lui cette joie sauvage qui brillait dans ses yeux, c'était cette heure de soleil et de liberté dont il allait jouir.
L'écroulement du souterrain durait toujours. La voûte de la galerie se détachait par fragments de blocs énormes. Le sol continuait à mugir et à trembler. On eût dit un de ces tremblements de terre qui ébranlent les cités du nouveau monde. Vanda était tombée à genoux et priait. Pauline, suspendue au cou de Polyte, lui disait : - Au moins, nous mourrons ensemble ! Milon hurlait de fureur et brandissait ses poings énormes en répétant : - Ah ! les gredins de fenians ! les propres à rien ! les canailles ! Marmouset, lui, regardait le maître. Le maître était calme, debout, le front haut. Il semblait attendre la fin de ce cataclysme avec la tranquillité d'un homme qui se sait au-dessus de la mort. Enfin, l'ébranlement s'apaisa. Le bruit cessa tout à coup et les blocs de roche cessèrent de tomber. - En avant ! dit alors Rocambole. Vanda se redressa, l'œil en feu. - Ah ! dit-elle, nous sommes sauvés ! - Pas encore, répondit-il. Mais marchons toujours. Le souterrain était obstrué de blocs de roche énormes. Cependant, Rocambole, armé d'une pioche, se fraya le premier un passage au milieu de ces décombres. Ses compagnons, rassurés, le suivaient. Ils firent ainsi une centaine de pas. Tout à coup, Rocambole s'arrêta.
Les Mystères de Paris relèvent du feuilleton, comme La Cousine Bette, comme Splendeurs et misères des courtisanes, chefs-d'oeuvre de Balzac, comme tout Dumas et presque tout Sand ; et, comme Hugo dans Les Misérables. Sue donne à son feuilleton une extraordinaire dimension dans le noir. Le mélo est là, assurément. Et colossal, coupant le souffle avec la brutalité en noir et blanc de ses éclairages violents, avec ses héros campés sans ambiguïté dans la noblesse ou dans l'atroce ; avec surtout, puisqu'il s'agit de Paris et de ses mystères, un extraordinaire décor posant la cité moderne comme un personnage épique : ville-foule, ville-château bâtie sur un monde d'entrailles souterraines, caves-caveaux, égouts, couloirs ; ville-cancer qui attire et qui dévore, use, corrompt, ouvrant à la fois toutes les avenues du pouvoir et tous les chemins de la perdition. Le monumental triomphe de ce roman nous confond encore aujourd'hui. Tous les contemporains l'ont lu, dans toutes les classes de la société...
Mit seinem Roman „1984" hat George Orwell schon vor Jahrzehnten ein Zeichen gegen die drohende Gefahr eines globalen Überwachungsstaates und einer Weltdiktatur gesetzt.Heute sind die von Orwell beschriebenen Tendenzen schon wesentlichen deutlicher zu erkennen, denn der „gläserne Bürger" und das Aufkommen überstaatlicher Gebilde sind keine Fiktion mehr. Hatte Orwell noch die Schreckensvision eines globalen Bolschewismus vor Augen, so wurde diese inzwischen durch die Globalisierung und die Bestrebungen gewisser Kreise, eine „Weltregierung" unter ihrer Kontrolle einzurichten, abgelöst.Die Gefahr des weltweiten Überwachungsstaates, der zugleich Nationen, Völker, Traditionen und Kulturen aufzulösen versucht, ist demnach keineswegs gebannt. Im Gegenteil: Sie tritt gerade in unserer Gegenwart in bester orwellscher Manier zu Tage.Als Orwell seinen Roman im Jahre 1948 schrieb, wollte er eine Warnung aussprechen und das ist ihm auch gelungen. Es soll ein jeder Leser von „1984" selbst ins Nachdenken kommen und sich vor allem die Frage stellen: Wer sind die Kräfte, die in unserer heutigen Zeit den Überwachungsweltstaat durchsetzen wollen?Wer hat die Macht dazu? Wer kontrolliert z.B. die Supermacht USA durch die Beherrschung der Banken und Medien? Und welche Mächte stehen hinter der schrankenlosen Globalisierung, Kapitalisierung, Völkerentrechtung, Nationenauflösung und Internationalisierung der Welt? Es dürfte in George Orwells Sinne sein, wenn die Leser seines Buches vor allem auch die heutige Weltpolitik und ihre treibenden Kräfte kritisch betrachten.
Ce roman commence par un rêve dont le contenu évoque la prise en charge de leur destin par les animaux, eux-mêmes un jour les animaux, animés par les idéaux d'un vieux cochon dénommé Sage l'Ancien, décident de se révolter contre leur maître, M. Jones, dans l'espoir de mener une vie autonome dans l'égalité, l'entraide et la paix pour tous. La ferme est passée sous le contrôle des animaux. Elle est, dés lors, gérée dans le respect des sept commandements qui prônent le pacifisme tout en définissant les spécificités des animaux, présentées comme une richesse. L'ennemi est clairement désigné: l'homme doit disparaître du lieu et une cohésion doit se créer entre les bêtes et se renforcer autour de cette menace. Très rapidement, les cochons forment une élite et sont amenés à prendre le pouvoir, asservissant les autres animaux. Ils utilisent leur intelligence supérieure pour manipuler leurs craintes et modifier le passé à leur avantage. Les idéaux sont très vite dénaturés, les principes généreux insensiblement dévoyés. Un dictateur émerge, chasse son principal rival, puis exécute les « traîtres » pour asseoir son pouvoir de plus en plus hégémonique. Il instaure un culte de la personnalité, maintient ses congénères en état de soumission et les épuise par un travail harassant.L'histoire se passe à Londres en 1984, comme l'indique le titre du roman. Le monde, depuis les grandes guerres nucléaires des années 1950, est divisé en trois grands « blocs » : l'Océania (Amériques, îles de l'Atlantique, comprenant notamment les îles Anglo-Celtes, Océanie et Afrique australe), l'Eurasia (reste de l'Europe et URSS) et l'Estasia (Chine et ses contrées méridionales, îles du Japon, et une portion importante mais variable de la Mongolie, de la Mandchourie et du Tibet5) qui sont en guerre perpétuelle les uns contre les autres. Ces trois grandes puissances sont dirigées par différents régimes totalitaires revendiqués comme tels, et s'appuyant sur des idéologies nommées différemment mais fondamentalement similaires : l'Angsoc (ou « socialisme anglais ») pour l'Océania, le « néo-bolchévisme » pour l'Eurasia et le « culte de la mort » (ou « oblitération du moi ») pour l'Estasia. Tous ces partis sont présentés comme communistes avant leur montée au pouvoir, jusqu'à ce qu'ils deviennent des régimes totalitaires et relèguent les prolétaires qu'ils prétendaient défendre au bas de la pyramide sociale.
I maiali Palla di neve, Napoleone e Clarinetto adattano le idee del Vecchio Maggiore in un «completo sistema di pensiero», che chiamano formalmente 'Animalismo', un allegorico riferimento dell'autore al comunismo, da non confondere con la filosofia animalista. Successivamente alla divulgazione di questo sistema di idee, Napoleone e Clarinetto contravvengono alle regole da loro stessi imposte (i «sette comandamenti») partecipando ad attività associate agli esseri umani, come bere alcol, dormire in letti e commerciare. Nel corso della narrazione, Clarinetto verrà incaricato di modificare i sette comandamenti per dar conto dell'umanizzazione della classe dei maiali, modifica che è un'allusione alla revisione della storia da parte del governo sovietico al fine di esercitare il controllo sulle convinzioni del popolo. I comandamenti originali sono: 1. Tutto ciò che va su due gambe è nemico 2. Tutto ciò che va su quattro gambe o ha ali è amico 3. Nessun animale vestirà abiti 4. Nessun animale dormirà in un letto 5. Nessun animale berrà alcolici 6. Nessun animale ucciderà un altro animale 7. Tutti gli animali sono ugualiNel 1984 la Terra è divisa in tre grandi potenze totalitarie, Oceania, Eurasia ed Estasia, impegnate in una perenne guerra tra loro, il cui scopo principale è mantenere il controllo totale sulla società. In Oceania, la sede dei vari ministeri (Ministero della Pace, che presiede alla guerra, dell'Amore, che presiede alla sicurezza, della Verità, che presiede alla propaganda e al revisionismo storico, e dell'Abbondanza, che presiede all'economia) è Londra, facente parte della provincia di Pista Uno. Il potere è nelle mani di un partito unico, detto semplicemente il Partito, a sua volta diviso in Partito Interno (che comprende leader e amministratori) e Partito Esterno (formato da burocrati, impiegati e funzionari subalterni). I suoi occhi sono i teleschermi, televisori forniti di telecamera, installati per legge in ogni abitazione dei membri del Socing, che i membri del Partito Esterno non possono spegnere, ma di cui al massimo possono attenuarne il volume dell'audio. Questi televisori-telecamere, presenti ovunque, oltre a diffondere propaganda 24 ore su 24, spiano la vita di qualunque membro del Socing, annullando di fatto ogni possibile forma di privacy: in questo modo, il governo può osservare facilmente qualsiasi forma di comportamento...
Rocambole, on s'en souvient, avait laissé des instructions pour Marmouset, au cas où il ne serait pas de retour à Paris, dans un an. Et il y avait près de deux ans qu'il était parti, sans qu'il eût, depuis, donné aucun signe de vie. Le navire qui le transportait aux Indes avec sa cargaison de prisonniers, avait-il réellement péri par le feu ? Rocambole était-il mort ? Nul ne le savait en Europe, pas même Vanda, qui, depuis deux années, attendait vainement que le maître revint ou donnât de ses nouvelles. Vanda et Marmouset ne s'étaient plus quittés depuis la mort tragique de Gipsy. Milon vivait avec eux. Tous trois attendaient le retour du maître ; et le maître était l'objet de toutes leurs conversations. Quelquefois Milon hochait tristement la tête et disait : - Oh ! Bien certainement, il est mort. Mais Vanda répondait : - C'est impossible ! je suis certaine qu'il n'est pas mort. Et, comme elle disait cela pour la centième fois peut-être depuis le départ de Rocambole, elle ajouta, ce soir-là : - Voulez-vous savoir sur quoi se fonde ma conviction ? - Oui, dit Milon, qui ne demandait pas mieux que de la partager.
Victor de Passe-Croix avait vingt ans, l'âge des passions naïves. À vingt ans, la femme aimée devient un ange, et quand elle est passée à l'état d'ange, on lui fait ses confidences. Avant d'arriver à Nantes, madame la comtesse d'Estournelle savait sur le bout du doigt toute l'histoire de Sologne, depuis la rencontre de Victor avec Albert Morel jusqu'à la folie de sa sœur. Victor avait pris Olympe, c'est-à-dire Émeraude, pour une femme du meilleur monde. Les deux femmes descendirent à l'hôtel de la Marine, sur le quai. Victor, obéissant à une raison de convenance, alla se loger dans une maison meublée du voisinage. Seulement la comtesse le mit à l'aise en l'autorisant à venir dîner chaque jour à l'hôtel de la Marine. Or, le soir de leur arrivée, les deux jeunes femmes, enfermées dans leur chambre, car elles avaient pris un appartement commun, causaient à mi-voix. - Ma chère, disait Émeraude, il me semble que le moment est venu pour toi de me faire quelques confidences. - J'y suis toute disposée, répondit la comtesse. Sache donc que le jeune homme que nous allons voir à Belle-Isle, cet Andrewitsch qui s'y trouve prisonnier, est un garçon auquel je m'intéresse beaucoup. L'accent de la comtesse était ironique.
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