About La comédie humaine : Les paysans
" Toi qui procures de délicieux rêves au public avec tes fantaisies, mon cher Nathan, je vais te faire rêver avec du vrai. Tu me diras si jamais le siècle actuel pourra léguer de pareils songes aux Nathan et aux Blondet de l¿an 1923 ! Tu mesureras la distance à laquelle nous sommes du temps où les Florine du dix-huitième siècle trouvaient, à leur réveil, un château comme les Aigues, dans un contrat.
» Mon très-cher, si tu reçois ma lettre dans la matinée, vois-tu, de ton lit, à cinquante lieues de Paris environ, au commencement de la Bourgogne, sur une grande route royale, deux petits pavillons en brique rouge, réunis ou séparés par une barrière peinte en vert ?... Ce fut là que la diligence déposa ton ami.
» De chaque côté du pavillon serpente une haie vive, d¿où s¿échappent des ronces semblables à des cheveux follets. Çà et là, une pousse d¿arbres s¿élève insolemment. Sur le talus du fossé, de belles fleurs baignent leurs pieds dans une eau dormante et verte. À droite et à gauche, cette haie rejoint deux lisières de bois, et la double prairie à laquelle elle sert d¿enceinte, a sans doute été conquise par quelque défrichement. » À ces pavillons déserts et poudreux commence une magnifique avenue d¿ormes centenaires, dont les têtes en parasol se penchent les unes sur les autres et forment un long, un majestueux berceau. L¿herbe croît dans l¿avenue ; à peine y remarque-t-on les sillons tracés par les doubles roues des voitures...."
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