We a good story
Quick delivery in the UK
About L'épaulette

Le colonel Gabarrot racontait de belles histoires. Il disait que les Russes étaient des coquins, que les Prussiens étaient des bandits, et que les Anglais valaient encore moins. Quelquefois, il me montrait sa croix d'officier de la Légion d'Honneur qu'il avait gagnée à grands coups de sabre, et qu'il gardait dans une belle boîte noire; si je voulais en avoir une pareille, quand je serais grand, je n'aurais qu'à tuer beaucoup de Russes, beaucoup de Prussiens, et surtout beaucoup d'Anglais. Malheureusement, disaitil, on ne tue plus guère, à présent; on est devenu sentimental. Et il ricanait. Mon père lui faisait observer qu'on tuait encore pas mal. La Crimée, par exemple. Le colonel avouait que la Crimée, c'était très bien. Tuer des Russes, rien de mieux; on n'en éventrerait jamais assez. Mais pourquoi s'allier avec les Anglais? Sans doute, l'Empereur avait eu ses raisons, et des bonnes; quand on est un Napoléon, on a une cervelle sous son chapeau; mais enfin, il n'aurait pas dû oublier que les Anglais, c'est des Anglais, et qu'ils avaient empoisonné son oncle. Mon père haussait les épaules; et le colonel éclatait. Tonnerre de Brest! commandant Maubart, je ne souffrirai jamais! Ils l'ont empoisonné à SainteHélène, je vous dis! Sans ça, il serait revenu, mille bombes! Je l'ai connu, moi, et depuis la campagne d'Egypte, encore! Et je puis vous le dire, qu'il serait revenu, et qu'il ne nous aurait pas laissés en panne, les bras ballants, à nous manger le sang en demisolde, sous des gueux de Bourbons qui n'avaient jamais vu le feu qu'au bout des cierges! Il serait revenu, pour sûr, si les Anglais ne l'avaient pas empoisonné!

Show more
  • Language:
  • French
  • ISBN:
  • 9791041973293
  • Binding:
  • Paperback
  • Pages:
  • 176
  • Published:
  • October 26, 2023
  • Dimensions:
  • 170x10x220 mm.
  • Weight:
  • 284 g.
Delivery: 1-2 weeks
Expected delivery: January 5, 2025

Description of L'épaulette

Le colonel Gabarrot racontait de belles histoires.
Il disait que les Russes étaient des coquins, que les Prussiens étaient des bandits, et que les Anglais valaient encore moins. Quelquefois, il me montrait sa croix d'officier de la Légion d'Honneur qu'il avait gagnée à grands coups de sabre, et qu'il gardait dans une belle boîte noire; si je voulais en avoir une pareille, quand je serais grand, je n'aurais qu'à tuer beaucoup de Russes, beaucoup de Prussiens, et surtout beaucoup d'Anglais.
Malheureusement, disaitil, on ne tue plus guère, à présent; on est devenu sentimental.
Et il ricanait.
Mon père lui faisait observer qu'on tuait encore pas mal. La Crimée, par exemple. Le colonel avouait que la Crimée, c'était très bien. Tuer des Russes, rien de mieux; on n'en éventrerait jamais assez. Mais pourquoi s'allier avec les Anglais? Sans doute, l'Empereur avait eu ses raisons, et des bonnes; quand on est un Napoléon, on a une cervelle sous son chapeau; mais enfin, il n'aurait pas dû oublier que les Anglais, c'est des Anglais, et qu'ils avaient empoisonné son oncle. Mon père haussait les épaules; et le colonel éclatait.
Tonnerre de Brest! commandant Maubart, je ne souffrirai jamais! Ils l'ont empoisonné à SainteHélène, je vous dis! Sans ça, il serait revenu, mille bombes! Je l'ai connu, moi, et depuis la campagne d'Egypte, encore! Et je puis vous le dire, qu'il serait revenu, et qu'il ne nous aurait pas laissés en panne, les bras ballants, à nous manger le sang en demisolde, sous des gueux de Bourbons qui n'avaient jamais vu le feu qu'au bout des cierges! Il serait revenu, pour sûr, si les Anglais ne l'avaient pas empoisonné!

User ratings of L'épaulette



Find similar books
The book L'épaulette can be found in the following categories:

Join thousands of book lovers

Sign up to our newsletter and receive discounts and inspiration for your next reading experience.